http://www.ajmagic.com/
Pour ceux ou celles qui ne comprendraient pas l'allusion au métier d'Andy, nous conseillons de suivre le lien ci dessus.
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Journée un peu particulière aujourd'hui pour nous deux qui fêtons notre anniversaire de mariage autour d'un irish breakfast concocté par Andy. Ce dernier nous mystifiera une nouvelle fois avec ses tours de magie faisant apparaître ou disparaître des objets dans nos poings fermés solidement.
Les orages propagent toujours des couleurs inouïes, et celui ci aura la bonne idée d'attendre que l'on soit monté dans le train pour Dublin avant de craquer.
En ce samedi après midi il y a foule dans les rues et l'on pourrait penser que la plupart se rendent à des soirées "mauvais goût" tant l'inélégance semble être une valeur largement partagée. Impression renforcée par un bon nombre d'enterrements de vie de garçon ou de fille, et l'on verra des cohortes de prisonniers, de cro-magnonnes, d'infirmières aux blouses suggestives, de leprechaunes tout de vert vêtus, allant de pub en pub d'un pas qui perd un peu plus de son assurance.
Les enseignes nombreuses et colorées vantant quelques produits liquides locaux attirent aussi sûrement le chaland, de même que la musique s'échappant des portes qui ne cessent de s'ouvrir ou de se fermer sur les pèlerins sacrifiant au dieu guiness.
Une pareille journée ne pouvait que se terminer dans un de ces lieux où nous avons perdu un pourcentage d'audition comparable au nombre de bougies qu'on aurait dû souffler, et que le retour fut long lorsque les boissons ingérées produisent leur effet diurétique!
Quelques réglages indispensables nous ont conduits ce matin vers ces centres commerciaux standardisés qui sont toujours des "grands moments de bonheur ", surtout en face des petits comme ceux connus hier au bord de la Lifey. Rien donc de particulier à noter, si ce n'est que l'escalator montant est à ... gauche.
La campagne nous attend et ne nous déçoit pas avec ses cottages aux toits de chaume et aux façades chaulées, aux cheminées lâchant les effluves acres d'un feu de tourbe. Les oiseaux n'ont pas l'air dérangés par les passages de deux voyageurs. Eux, pour certains tout au moins, les voyages au long cours, ils connaissent.
La mer n'est jamais loin ici et sous un ciel menaçant et une température qui fraichit d'intrépides nageurs affrontent les courants mais semblent bien patauds à côté des phoques.
L'inévitable averse nous pousse dans le non moins inévitable pub où en ce vendredi de début de soirée, l'ambiance a vite fait de réchauffer n'importe quel pékin et nous soupçonnons fort que parmi ces buveurs de bière, il y a de ces nageurs qui racontent leurs exploits et se consolent de leur duel perdu avec les seals (en anglais dans le texte, comprendre phoques pour les non initiés).
Reprise pérégrinatoire dans la "Old dirty town" (en français : Vieille ville de m...). Le refrain de la chanson n'est plus tout à fait adapté au vu des transformations rapides des anciens entrepôts et des docks de briques sales en restaurants branchés ou en salon de barbier pour hype , des ponts qui se multiplient sur la Lifey pour rejoindre les nouveaux quartiers d'affaires couverts de buildings d'acier et de verre (sur l'un, on verra nettement un f blanc dans un carré bleu, un des grands gagnants de l'optimisation fiscale) ou de nouvelles salles de spectacle devant porter le nom d'une entreprise généreuse pratiquant le mécénat (comment s'appelle maintenant le palais omnisports de Bercy ?).
Un repas pris sur le pouce assis sur les bords de la rivière et gentiment bercés par des musiciens. Petit bonheur simple.
Dublin cultive aussi la mémoire, celle prégnante de la famine du milieu du 19ème siècle qui a décimé le pays, celle des martyrs de l'indépendance et de la République et les impacts de balle sur la Grande Poste lors des Pâques sanglantes il y a 101 ans sont bien entretenus, celle d'une certaine élégance discrète héritée des Anglais et de leur époque géorgienne à travers ces portes colorées, celle de ses grands romanciers.
Et aujourd'hui, nous avons franchi les portes d'un pub uniquement pour saluer la mémoire d'un de ses plus fidèles clients et accessoirement pour nous abriter d'une averse soudaine et brève.
Dublin, nous voilà. Une fois la Lifey traversée, allons nous arpenter de façon un peu pédante ses berges lisant James Joyce et "Les Gens de Dublin", tenant le livre ostensiblement ? Ou préférerons-nous des plaisirs plus terrestres que nous offrent ces pubs aux couleurs attirantes ?
Un peu de tout assurément car nous nous perdrons en conjectures devant les milliers d'ouvrages de la bibliothèque de Trinity College qui donnent envie de voir les portes se fermer ce soir sur vous pour être seul dans ce lieu fascinant.
Et quoi de plus normal de trouver au sortir de cet antre livresque une charmante violoniste aux cheveux flamboyants !
Les nourritures, les vraies, se révéleront sous forme d'oeufs brouillés au saumon fumé dans un de ces nombreux entrepôts abandonnés et reclassés.
Le spectacle de la rue, comme dans toute ville a toujours cette ambivalence d'excitation et de voyeurisme. On pourrait par exemple faire un classement des uniformes des élèves mais en privilégiant alors l'inélegance; on pourrait aussi tenter un recensement des teintes artificielles des cheveux dans un nuancier plutôt fourni.
Le ciel menaçant nous pousse dans un autre lieu industriel désaffecté, autrefois distillerie et aujourd'hui musée à la gloire de ce breuvage ambré qui porte le nom de son fondateur, et qui lui, le breuvage, est distillé 3 fois quand son cousin écossais l'est 2 fois et son petit cousin américain, sans doute plus pauvre, ne l'est qu'une fois ! Encouragés par les premières gouttes de pluie et par la volubilité de notre charmante guide, nous aurons tout loisir d'en savourer les différences.
Le véhicule s'est considérablement allégé ce matin. Tous les cartons et le bazar inhérent à un déménagement, et qui avaient un peu interloqué les agents de sécurité à Roscoff, sont maintenant au chaud dans le nouvel appartement d'Anaïs et d'Andy qu'ils investiront la semaine prochaine.
Après ces rudes épreuves de débardement, nous partons vers Howth au nord-est de Dublin. Un oeil rivé sur le GPS qui bien entendu a choisi la ligne droite et qui comme chacun sait n'est pas toujours le chemin le plus court, surtout en ville, l'autre sur le trafic particulièrement dense à ces heures, l'esprit tourné vers la conduite à gauche, nous arrivons à bon port, et c'est le cas de le dire, et nous échouons dans un de ces restaurants typiques des îles britanniques, bien qu'ils aient abandonné le papier journal pour une vulgaire boîte en carton certainement plus hygiénique.
Des phoques ont élu domicile dans ce port, le casse croûte étant assuré, il faut surveiller notre fish and chip convoité par bon nombre d'oiseaux et bien léger lors d'une rafale de vent.
Ce matin, mer et ciel se mélangeaient dans un gris uniforme juste rompu par le blanc de l'écume des vagues. Le débarquement se fera sous une pluie battante : signe de bienvenue, de présage ou de caprice.
Heureusement, les façades colorées des pubs vantant une boisson assez populaire ici (quel euphémisme !) égayent la grisaille ambiante. Et ô miracle, plus on monte vers le nord et plus les nuages tenaces perdent de leur insistance. Les collines du Wiclow au début perdues dans la brume font éclater leur cime pelée sous le soleil de la baie de Dublin.
À Balbriggan ce même soleil inondera le port lui donnant ses taches de couleur qu'un peintre apprécierait et qu'un autre a déjà apprécié. Il illuminera aussi les retrouvailles filiales sur le rivage où phoques, cormorans et huitriers pies se disputent un bande poissonneuse. Elles continueront sous une petite pluie et autour d'une autre boisson locale, celle-ci maltée.
Pour la première fois que nous faisons de tels périples, nous avons fait route vers l'ouest où, pourtant les possibilités d'espace sont vite contraintes par la mer omniprésente. L'échappée se fera par le bateau floqué déjà du trèfle irlandais.
Petit à petit il apparaît plus nettement au-delà des champs d'artichauts.
L'embarquement se fera sous les grands sourires de l'équipage nous souhaitant : " Welcome aboard Oscar Wilde", et nous nous empressons de vous livrer une de ses sentences toujours lapidaires, en espérant qu'elle ne soit pas prophétique : "Rien n'est plus agréable d'être attendu et de ne pas arriver. " (Oscar Wilde dans les Ailes du paradoxe).
Mais les marins remontent les aussières, le ferry appareille et la corne trompe. L'île de Batz se perd dans le contre jour et cap vers le nord dans une houle sensible.