... ou devrait-on dire "An Craoslach" comme il est écrit sur les panneaux. Si la langue gaélique nous est hermétique, elle a l'avantage d'utiliser des caractères graphiques beaucoup moins austères que ceux communément utilisés.
Aujourd'hui nous avons fait une infidélité au rivage, motivé par une lumière un peu plus vive et les charmes du Glenveagh National Park. La route traverse de grands espaces vides surmontés de montagnes arides et tabulaires d'où, certainement nous épient quelques sioux irlandais montés sur leurs célèbres poneys. D'ailleurs quelques nuages de fumée semblent les trahir. L'odeur si identifiable de la tourbe nous ramènera dans la réalité du grand ouest irlandais.
Un lord anglais s'était accaparé un immense domaine, non sans en avoir chassé les quelques dizaines de familles irlandaises et catholiques qui y vivaient, profitant des rivages du lac, le Lough Gartan, et y bâtit un solide château . Sa lady, désoeuvrée et esthète, créa un jardin à l'anglaise, c'est-à-dire un savant mélange de nature organisée. Et ainsi sur cet espace se mêlent des essences allogènes du Chili, de Madère, de l'Himalaya, d'Autriche et des indigènes, chênes, bouleaux, houx... Une véritable luxuriance, encore davantage soulignée par les couleurs chatoyantes des rhododendrons et l'austérité de la rive opposée. Éternel paradoxe de la beauté créée sur le malheur des autres.
En continuant le long du lac, la forêt primitive reprend ses droits, les chênes se tordent sous la poussée des pierres en équilibre instable sur la tourbière qui s'étend, les sphaignes colonisant les petits vallons humides, les rhododendrons s'enracinant comme ils peuvent.
Creeslough (Comté de Donegal)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire