Ile de Jura (Hébrides intérieures)

Nous n'avons guère été gênés par nos voisins du cimetière marin et même la pluie a respecté leur repos et les inévitables corbeaux ont tu leurs croassements. Le répit fut de courte durée et des seaux, qui se sont remplis en douce cette nuit, se sont abattus sur nous. Qu'à cela ne tienne, l'île d'Islay propose des spécialités déjà évoquées.
Une fois le choix effectué, et ce n'était pas facile, il fallut se mettre au travail. Qui a dit que les Écossais seraient du genre avare ? S'étant involontairement immiscés dans un groupe, nous avons été priés fort courtoisement de nous asseoir devant une rangée de tonneaux ; il nous a été tout aussi prestement donné un verre vide et une bouteille d'eau. À la suite d'un petit laïus en anglais très accentué, notre verre a été aussitôt rempli. L'opération s'est répétée cinq autres fois en remontant dans le temps, commençant au 5 ans d'âge pour finir au 36 ans ! Heureusement, il nous avait été distribué des petits gobelets se fermant hermétiquement et pouvant ainsi conserver ce whisky fort tourbé pour nos apéros vespéraux. Et combien croyez-vous que tout cela nous a coûté, le verre, la bouteille d'eau, les six doses de Single Malt ? Zéro livre, no pound !
Et c'est d'un air guilleret que nous continuerons nos pérégrinations avec arrêt pique nique dans les mélancoliques tourbières bien utiles à la distillation. Et le ciel, béni soit-il, s'éclaircit et les verts éclatent sous cette lumière nouvelle.
La route s'encombre de moutons, de faisans de Colchide, de biches et même les vaches des Highlands semblent transpirer sous leur toupet et se rafraîchissent dans la mare. Quant aux phoques, ils batifolent à grand bruit ou prennent des poses suggestives tout au moins pour un (une) phoque, sans se préoccuper de leur cadre que constitue ce port de bout du monde.
Une courte traversée, 5 minutes, l'île de Jura, un bivouac face à la mer, un petit verre de whisky et au diable les midges.

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