Au ponant, la côte s'offrait dans ce qu'elle a de plus sauvage, façonnée par le lent travail des glaciers, des volcans et de l'érosion, souvent dans la brume et l'humidité. Au levant, elle est rectiligne, la variété se faisant par l'altitude, falaises ou non, sous un ciel plus variable. Sur ces promontoires se dressent, quasi insensibles à la course des siècles, des châteaux étonnants.
C'est samedi aujourd'hui, jour de Highlands Games. Un château, un châtelain complice, une prairie vaguement aplanie et le défilé des pipers précéde le carosse des parrains des jeux. Ici, la grâce juvénile des danseuses, là les hommes forts qui lancent marteaux, pierres, casse-têtes, lests, troncs d'arbre, un peu plus loin les hommes de vent qui s'affrontent à la course et au saut sur ce terrain bosselé, au milieu une palanquée d'hommes robustes tirent à la corde, tout cela sous un vent aigre et dans la ritournelle lancinante des cornemuses. Le public est connaisseur, fidèle à ses athlètes, varié; le lord, avec canne à pommeau et sa lady avec chapeau à plumes discutent avec un lanceur tatoué, un vieillard dont on ne connaît plus l'âge tape du pied en suivant les danseuses, un arbitre vénérable maître des règles tient son chapeau que le vent fripon envole, et tout ce petit monde, en butte avec ce vent décidément taquin surveille son kilt pour préserver le secret le mieux gardé : portent-ils quelque chose dessous ?
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